Première version: lundi 9 Mars 2009
DATATION DE L'EXODE: UNE PROPOSITION
Version dimanche 6 novembre 2022, IIIe anné de la Pandémie.
Extrait
Le changement du cours du Nil environ 1130 avant J.C. aurait provoqué l'abandon soudain de la mégalopole de Pi-Ramsès, d'où en seraient sorties les six-cents mille personnes -sans compter les enfants- dont nous parle l'Ancien Testament.
Texte
NOTE: ce texte transcrit les noms et toponymes du Levant utilisant la graphie «š» au lieu de «sh» pour le hiéroglyphe «étang» et la lettre arabe «chin», qui sonnent comme la «ch» française en «chemin»; la graphie «c» pour transcrire le hiéroglyphe «bras» et la lettre arabe «cayn», homophones inexistants dans les langues indo-européennes; et l'apostrophe pour transcrire le hiéroglyphe «vautour» (habituellement transcrit «3») et le signe arabe «hamza», aussi à peu près homophoniques.
INTRODUCTION
Un événement qui a fasciné particuliérement tant les croyants que les chercheurs a été l'exode dramatique du peuple hébreu, comme dit la Septuaginta,
(«de la terre d'Égypte, de la maison de servitude») (Deut, 5, 6). Sa date a étée remise à plusieurs reprises, au fur et à mesure que l'égyptologie et d'autres sciences fournissaient des données objectives.
Des données objectives: c'est ce qui a récemment émergé comme résultat des travaux de l'égyptologue autrichien Dr. Manfred Bietak.
Ici, j'ai la très modeste intention (je ne suis pas archéologue professionnel) de dériver de ces données, de manière purement spéculative, quelques implications possibles pour la datation de l'Exode.
Le nombre et l'origine des migrants
a) Le nombre de personnes évacuées
Les Annales Égyptiens gardent silence à ce sujet, mais l'Ancien Testament affirme que la foule qui sortit était (Exode, 12, 38) «une foule bigarrée et de grands troupeaux de moutons et de vaches.» (foule bigarrée, serait-ce mélange ethnique?).
Exode, 12, 37 situe le nombre des émigrants à «plus de 600.000 personnes, sans compter les enfants.»
La critique contemporaine n'accepte pas ce chiffre démesuré, ne considérant crédible non plus qu'une telle foule puisse survivre dans le désert pendant quarante ans.
Nous verrons cela après.
b) Lieu d'origine des personnes évacuées
En ce qui concerne le lieu d'origine, encore une fois les sources égyptiennes, généralement si méticuleuses, ne disent rien, mais, selon la Bible, l'Exode serait parti de Pi-Ramsès.
Pi-Ramsès, la ville perdue de Ramsès le Grand
Nous savons que Ramsès II le Grand (~ 1279 à 1213) [1] a fondé une nouvelle capitale sur la rive droite des «Eaux de Ra» (sur la carte, en bleu, ligne continue), près du temple édifié par Séthi I, une ville qui a reçu le nom de
Per-Ramsès ou, dans le dialecte de l'époque, Pi-Ramsès (Le Domaine de Ramsès). Il y établit sa résidence dès la 11e année de son règne (~ 1268). Ses successeurs (à quelques exceptions près, comme Mineptah), ont maintenu dans cette ville la
capitale.
Autour de Pi-Ramsès s'est développée une énorme conurbation, s'élargissant monstrueusement le long du Nil au fil des années; avec une longueur de 10 km et une largeur d'environ 3 km, soit une superficie de 3.000 Ha, elle est devenue la
ville la plus peuplée du monde d'alors, surpassant à Thèbes, à Héliopolis, et même à Babylone. La moderne ville de Qantir occuperait la surface de l'immense palais de Ramsès, ce qui donne une idée de la taille de celui-ci.
La croissance de la ville est venue à englober Tell ad-Dabca, où était la ville-forteresse d'Avaris, la capitale des Hyksos haïs. L'Avaris [5] des Hyksos aurait, selon le Dr. Bietak, quelque 250 Ha, avec une population estimée de 60.000
personnes. Le nombre d'habitants de Pi-Ramsès est très difficile à déterminer, les estimations variant entre un demi-million et un million et demi.
Le delta du Nil
Il est intéressant de souligner que, bien que sous le règne des Hyksos se soit accentué le flux d'immigrants asiatiques, ce flux a existé bien avant [2] et a continué d'exister après. En outre, la destruction du pouvoir hykso ne pourrait pas
conduire à l'expulsion massive de tous les Asiatiques, mais seulement à l'exil de la classe dirigeante et l'asservissement des autres. En ce qui concerne l'origine ethnique des Hyksos, la trouvaille à Avaris de peintures de style crétois, avec
même des scènes de taurokathapsia (ταυροκαθαψια), ne saurait rien prouver, puisque aussi le palais d'Amenofis III à Malgatta aurait été décoré par artisans crétois, de même que le palais royal de Qatna, au nord de Qadeš, détruit par les hittites à ~1340 (5).
Le Tell de la Hyène
Il ya quelques années le Dr. Bietak, directeur de l'Institut Égyptologique à l'Université de Vienne et de l'Institut Archéologique Autrichien au Caire, a publié les résultats de ses fouilles à Tell ad-Dabca, le Tell de la Hyène, à environ deux
kilométres au sud du site de Qantir, à l'est du Delta. Il avait trouvé une succession claire de sédiments: sur les restes de l'Empire Moyen, une couche culturelle sémitique associée à la Palestine et la Syrie - des traces d'occupation par les
Hyksos - et, après un long hiatus, une reconstruction puissante du temps de Ramsès II. Les nouvelles sont que les récentes études magnétomètriques, avec l'intervention décisive de l'archéologue allemand professeur Edgar Pusch, ont permis un
aperçu des dimensions de la ville perdue de Ramsès, et que les sondages effectués in situ ont identifié ce qui a été le cours du Nil d'autrefois, conduisant ainsi à un ensemble de données réellement pertinent. (Voir la bibliographie).
Ensablement du bras pélusiaque du Nil
Selon le Dr. Bietak, dans le s. XII avant J.C., le bras oriental du Nil, appelé les «Eaux de Ra», puis bras Pélusiaque d'après l'ancienne ville de Péluse (Tell el-Farama), clef orientale du Delta, a commencé à s'ensabler. Des efforts herculéens
de dragage ont été faits, comme en témoignent les déversoirs encore visibles dans la zone, mais finalement il a fallu abandonner la lutte: le Nil s'était ouvert irréversiblement une nouvelle voie directe à la mer. Ce nouveau bras serait appelé
plus tard bras Tanitique (sur la carte, en bleu, en pointillé).
L'on n'a pas encore publié des documents décrivant ces travaux ou faisant allusion à leur coût, qui aurait êté gigantesque, devrant nécessairement influer sur la crise économique qui obscurcit une grande partie des règnes de la XXe Dynastie.
Un dilemme dramatique
Ensablées les «Eaux de Ra», de deux choses l'une: ou l'ont changeait le cours du Nil, ou l'on changeait la ville. À un certain point, l'on a décidé construire une nouvelle capitale précisément sur les rives du nouveau bras ouvert par le Nil, et
qui recevrait le nom de bras Tanitique, du nom grec de la nouvelle capitale: Tanis, en Égyptien, Djacnet. La Bible l'appelle Zoan. C'est l'enorme gisement archéologique de San el-Haggar. San rappelle Zoan; l'Arabe hayyar -en dialecte Égyptien haggar- signifie carrier.
Hiéroglyphe de Djacnet. Le cercle à la croix de Saint-André est le déterminatif de «ville».
Le nombre des évacués et le nombre des exilés
Nous nous demandons si, compte tenu du gigantisme de la mégalopole de Pi-Ramsès, son soudain abandon aurait pu déclencher le récit du départ des plus de 600.000 personnes mentionnées dans la Bible.
L'on ne devrait pas exclure la possibilité que les travaux de fondation de Tanis aient été contemporains ou même précédants à un abandon de Pi-Ramsès considéré inévitable. Les monuments les plus remarquables ont été transférés de la ville condamnée à Tanis. Certains, comme
une statue colossale de Ramsès II, ont été retrouvés à Tanis, ce qui a compliqué à l'archéologue français Pierre Montet la fixation des dates.
Plutôt que d'une croissance réglée, cette mégalopole de Pi-Ramsès aurait augmentée de la manière dont les nommés ranchitos à Caracas et favelas à Rio de Janeiro et São Paulo. Il semble logique que l'ont ait offert aux personnes évacuées une nouvelle
résidence en Égypte, bien que dans des circonstances telles qu'une minorité dissidente ait préfèré retourner à la terre de leurs ancêtres. Leur petit nombre aurait rendu possible leur survie dans le désert.
LA DATE DE L'EXODE
La Bible de Jérusalem: Ramsès II, date post quem
La Bible de Jérusalem (9) dit dans son Introduction au Pentatéuque:
«La tâche de l'historien moderne est de confronter les données de la Bible avec les faits de l'histoire générale.
Quant à la date de l'Exode, nous ne pouvons pas faire confiance aux indications de I-Rois 6 1, et Juges, 26, 11, qui sont secondaires et proviennent des procédures artificielles de calcul. Mais la Bible contient une indication décisive: selon
l'ancien texte de Ex 1, 11, les Hébreux ont travaillé dans la construction des villes de dépôt Pitom et Ramsès.
En conséquence, l'Exode est postérieur à la prise du pouvoir par Ramsès II, qui a fondé la Ville de Ramsès.»
Par conséquent, une date post quem serait la 11ème année de Ramsès II (1269).
Sans doute la domination égyptienne sur Canaan s'est effondrée sur une date postérieure non précisée, étant remplacée par deux entités qui se sont farouchement opposées entre elles, les Hébreux et les Philistins, sans que l'Égypte ait intervenu.
Nous devrons donc trouver la date de l'effondrement de la domination égyptienne, lié sans doute à la fin de la XXe Dynastie.
CARTE DE CANAAN À LA FIN DE LA XIXe DYNASTIE
(Voir ci-joint des précisions)
Carte: Précisions sur les noms de lieux
Certains noms de lieux sont répétés; l'on ne doit donc pas confondre Qadeš-sur-l'Oronte avec Qadeš au nord de Hatsor, ni Qadeš-Barnea au sud-ouest de Jérusalem, dans les confins du désert.
Ne pas confondre Hatsor, au nord du lac Kennaret (appelé plus tard «mer» de Galilée ou lac de Tibériade), qui a été le centre de la totalité des territoires environnants (d'après la Bible, Hatsor aurait étée prise et détruite par Josué), avec
Gézer ou Gazer, à mi-chemin entre Yaffa (à la mer) et Jérusalem, et qui serait sévèrement punie dans l'an ~ 4 du Pharaon Mineptah.
Le nom «Gilgal» (qui signifie cromlech, cercle de pierres) est répété dans au moins trois points de Canaan. Le Gilgal tout près de Jéricho et du Jourdain, seul décrit dans le plan, a été un lieu de rencontre dans les premiers jours de la conquête.
Dans plusieurs noms de lieux apparaît le mot «bet», parfois transcrit «beth», que dans les langues de la région signifie maison.
Dans plusieurs noms de lieux, le mot «el» ou mieux «'el», c'est le nom d'une divinité qui a également été intégré dans maintes noms de personnes tels que Isra'el, Isma'el, Rapha'el, Mikha'el, etc., écrits en Français Israël, etc.
L'on a préféré le très Méditerranéen mot «rambla» (mot espagnol provenant de l'arabe «raml»=sable) au mot «torrent» pour décrire les différents wadis habituellement à sec, très fréquents au bassin Méditerranéen. Les ramblas sont dessinées en ligne
bleue pointillée.
(FIN des clarifications).
EXPÉDITIONS PUNITIVES ÉGYPTIENNES CONTRE CANAAN DURANT LA XIXe DYNASTIE
La domination égyptienne sur la région de Canaan est très ancienne. Elle s'est éffondrée à la fin de la XVIIIe Dynastie, à l'époque d'Akhenaton. Horemheb a essayé de la réinstaurer, sans succès. C'ast Séthi I qui a réussi.
Campagne de Séthi I (1296-1279)
C'est Séthi I, de la XIXe Dynastie, qui l'a impitoyablement rétablie, en conquérant la ville de Yenocam sur les rives du Jourdain, sur la route qui venant de Meguiddo passait au sud de la mer de Galilée, vers Astarot, capitale
du royaume de Basan (stèle de l'an 1 trouvée à Bet-San (Tell el-Husn, Cisjordanie), et bas-reliefs du grand temple d'Ammon à Karnak).
Campagnes de Ramsès II (1279-1212) (années 4e -1276- et 5e -1275-)
Encore une fois Ramsès II dans son année 4e, a dû donner un coup d'autorité, tel que rapporté par une autre stèle, également trouvée à Bet-San. Se heurtant à la puissance et aux intrigues hittites, il a essayé de reconquérir la
ville et l'acropole de Qadeš-sur-l'Oronte, en y déplaçant une puissante armée (année 5ème) composée de quatre divisions, l'une d'elles nommée Seth, en l'honneur de ce dieu. La bataille s'est terminée par un match nul, l'acropole de Qadeš n'ayant pas été prise par les Égyptiens. Elle ne le serait
jamais.
Campagne de Ramsès II (année 7e - 1273-)
Dans sa 7e année, Ramsès II a lancé un mouvement en tenaille contre le royaume de Moab, situé à l'est de la mer Morte. Il a déménagé sur la côte de Gaza, conduisant alors à l'est, passant au nord de l'actuelle Jérusalem, en
traversant le Jourdain, puis, laissant à sa droite le mont Nebo, il se tourna vers le Sud, en passant près de Dibon, vers la ville de Rabat-Batora. Son fils aîné Amen·hir·jopšef, abandonnant la «Voie d'Horus» (la route du littoral, qui sera
plus tard appelée «Voie des Philistins», qui ne s'étaient pas encore installés à la région) plongea à l'est, traversant la péninsule de Sinaï pour atteindre la Rambla d'Araba. Il tourna ensuite vers le nord pour converger avec son père le Pharaon,
fermant ainsi la tenaille sur Rabat-Batora, qui a été rayée de la carte. Depuis lors, la ville de Qir-Moab apparaît comme la capitale de Moab.
D'autres campagnes de Ramsès II contre Canaan
Dans sa 8e année (1272) il lança une autre campagne en Galilée occidentale, soumettant Akko et gagnant Merom et d'autres villes. Dans le sud fut soumise Ascalon, et les fouilles prouvent qu'il détruit manu militari Jaffa, ensuite refondée,
en y laissant des inscriptions sur les piliers qui encadrent la porte d'entrée de la ville. Le papyrus Anastasi I affirme que les villes de Jaffa, Damas, et Sumur étaient des biens personnels de Ramsès II.
LA PAX ÆGYPTIACA
Le traité de paix de Ramsès II avec le Grand Roi hittite Hattušili III
Dans sa 21e année (1259), après des longues négotiations, l'on accorda une paix perpétuelle avec le nouveau Grand Roi hittite Hattušili III (1267-1237). Celui-ci envoya à Pi-Ramsès le texte en écriture cunéiforme gravé dans une tablette d'argent, dont le centre montrait le Grand Sceau de l'État hittite, avec le dieu Seth embrassant le Grand Prince de Hatti. (Voir (7), p. 295). Ramsès II ordonna sculpter la version hiéroglyphique dans les murs du grand temple d'Ammon à Karnak. Impressionné par la vénération de l'État hittite au dieu Seth, patron de sa famille et dont le nom fut porté par son prédecesseur Séthi I, il lui sembla opportun de changer une fois de plus le nom de son fils aîné le prince héritier de l'Égypte: Amen·hir·jopšef devint Seth·hir·jopšef, et s'empressa de le communiquer à son «père» hittite, le roi Hattušili III.
La Pax Ægyptiaca
Les deux grandes puissances, personnalisées dans le Grand Roi de Hatti et dans le Pharaon d'Egypte, divisaient ansi ses respectives aires d'influence, s'accordant réciproquement les mains livres en elles. La ligne de démarcation allait du nord de Sumur à la côte jusqu'au sud de Qadeš à l'interieur. Cette Pax Ægyptiaca visait à garantir à perpetuité la stabilité du Levant méditerranéen. La ville la plus riche, Ougarit, restait sous influence hittite. Furent accordés des mariages entre les deux dynasties regnantes, et quand la famine sévit en Anatolie, après une persistente sécheresse qu'aujourdhui nous définirions comme "changement climatique", l'Égypte, dont les cultures d'irrigation grâce au Nil n'avaient pas besoin de pluie, envoya par ordre du Pharaon Mineptah des navires chargés de blé. Ils déchargeaient au port de Ura, à côté de la bouche du Göksu, ancien Calycadnus (en grec Καλυκαδνος).
La stèle de l'an 400
Dans un moment postérieur à l'année 34e de Ramsès II (après ~1245) l'on sculpta une polémique stèle en granit rose avec une datation jamais utilisée auparavant (Dès la Ière Dynastie l'on datait par les années de chaque règne). Opine Erik Hornung (Der Eine und die Vielen. Ägyptische Gottesvorstellungen, Darmstadt, 1990; il existe une traduction Française: Les dieux de l'Égypte. L'un et le multiple; Editoriale du Rocher; Monaco, 1986.):
«La date de la fameuse stèle de l'an 400, que Ramsès II fit planter dans sa nouvelle capitale [Pi-Ramsès, la Ville de Ramsés] en l'honneur du dieu Seth, contient une visible et constatable accumulation du numéro quatre. Est-ce-que ses theólogues entendaient alluder, avec cette date fictive, encore une fois, à Seth comme quatrième dieu associé à la triade [Amon, Ra,Ptah]?».
Dit ainsi ladite stèle:
«...L'année 400, au mois IIII de Chémou (Été), le jour IIII, le roi de l'Haut et du Bas Égypte, Séthi Grand-en-Victoires, fils de Ra, aimé de Nebty, etc...».
La stèle fut découverte en 1863 par Auguste Mariette à Tanis, d'où regnèrent les Pharaons de la XXIère Dynastie; perdue au cours des années, elle fut redécouverte aussi par un Français: Pierre Montet (1931). L'on constata qu'elle fut transportée à Tanis procédante, comme bien d'autres monuments, de l'abandonnée Pi-Ramsés. En tête de la stèle, Ramsès II offre du vin au dieu Seth-Baal, à gauche. Cette version quasi-œcuménique de Seth [3 bis], dieu égyptien vénéré dès la Ière Dynastie, l'identifiait avec le Baal Cananéen. En plus, elle l'établissait come précedant remote de Séthi I, père de Ramsès II et fils du fondateur de la XIXème Dynastie, en se remontant 400 années avant, et en évoquant, selon certains, rien de moins que l'invasion des Hyksos. (Voir (7), pp. 385-387 de la traduction espagnole). Encore un indice, et bien évident, de la syntonie avec ses sujets asiatiques, que Ramsès II se plût toujours à manifester, syntonie qui fait très improbable qu'il ait adopté contre eux des mesures de répression du type que nous verrons adopter, et avec des lourdes raisons, à Ramsès III.
MAIN DE FER DE MINEPTAH À CANAAN ET AILLEURS
Mineptah: campagne de l'année 4ème ? au pays de Canaan
Mineptah, comme son père et son grand-père, a dû ré-imposer son autorité au pays de Canaan manu militari. La Stèle de la Victoire affirme qu'il a subjugué les villes d'Ascalon et Gazer, et affirme avoir «laissé sans sémence»
(«éradiqué?») à YiSRRi3R. Bien que la plupart des analystes sont enclins à identifier cette graphie avec Israël, il n'est pas impossible, compte tenu de la carte ci-dessus, qu'il fasse allusion simplement à la devastation de la plaine de
Yizre'el, comme disent les autres. Dans le Nord il a balayé la ville de Yenocam, qui avait été soumise par Séthi I, mais qui s'était rebellée. Dans la carte, aux alentours de Yizre'el, l'on écrit deux noms de lieux à la même termination que
Yenocam: Yoqnecam et Iblecam. Ils doivent s'être employé bien à fond les Égyptiens anéantissant Yenocam, puisqu'il n'est pas encore clair si la ville rasée se trouvait à Tell el-Nacam ou à Tell el-cAbidiyah.
PENDANT CE TEMPS-LÀ, À L'EMPIRE HITTITE
Grande victoire assyrienne sur Hatti
Le plus puissant ennemi du Grand Roi hittite Hattušili III (~1267-1237) fut l'Assyrie, qui s'emparait des dépouilles du royaume de Mitanni, et qui réussit à dominer la Haute Mésopotamie jusqu'à l'Euphrate.
Une tablette assyrienne (Grayson 1987: 272, 275) dit:
«Au commencement de mon règne, moi, Tukulti-Ninurta [1244-1208], ai deporté 28.000 hommmes de Hatti de l'autre côté de l'Euphrate vers mon territoire.»
Ce texte nous donne une idée de la magnitude des mouvements de population causés par les guerres d'aquelle époque.
Traité de Kurunta (1235)
Nous savons qu'à la requête du Grand Roi Hattušili III, Ramsès II envoya à son scribe royal et médecin chef Pariamaju avec des plantes médicinales pour traiter les symptômes de Kurunta, roi de la terre de Tarhuntašša. (Voir (7), p. 377-378 de la traduction espagnole).
En l'année 42e de Ramsès II (1237), le Grand Roi de Hatti «passa au vaste et temible domaine du dieu de la Tempête», et fut succédé par Tudhaliya IV. ((7), p. 379).
Une tablette de bronze datée en 1235, enregistre que Kurunta reçoit du Grand Roi de Hatti Tudhaliya la souveraineté de Tarhuntašša. «Quand au grand trône de Hatti soit le protocole comme celui du roi de Karkemiš. Par dessus du roi de Tarhuntašša soit plus grand seulement le prince héritier; pour le reste, qu'aucun soit plus grand». Ansi l'établit Tudhaliya IV (1237-1209).
TRAITÉ DE KURUNTA
Tablette de bronze avec texte cunéiforme en langue hittite
Trouvaille: ruines de Hattousa, 1986
Musée des Anciennes Civilizations d'Anatolie, Ankara
Tudhalia IV crée roi de Tarhuntašša á Kurunta (anvers)
Tudhalia IV crée roi de Tarhuntašša á Kurunta (revers)
Ce traité aurait pu très bien être le premier pas vers la disgregation de l'Empire Hittite, d'un caractère tout-à-fait féodal. En effet, moins d'un demi-siècle après (~1188), Wilusa (=Ilion) tomberait, ainsi comme d'autres règnes satellites de l'Empire, dont la décomposition deviendrait imparable.
Conquêtes de Tudhaliya IV (1237-1209)
Après cette immense concession à Tarhuntašša, Tudhaliya intervint de sitôt à Millawanda/Milet, imposant le fils du roi précedent comme gouvernant satellite, en le qualifiant comme "mon fils". Ensuite, il entra avec son armée en Karkiša (=Carie) et, puis, en Lukka (=Lycie), où il fit des "nombreux captifs", selon nous informe le texte en hiéroglyphes louvites de la piscine de Yalbourt, découverte en 1970 en Ilgin, au nord-ouest de Konia.
La perte aux mains assyriennes des mines de cuivre d'Ergani poussa Tudhaliya à s'emparer d'Alašia (=Chypre, ou partie), riche en cuivre, comme son nom grec l'indique. Ainsi il le décrit avec laconique cruauté: «Je capturai le roi d'Alašia avec ses femmes, ses fils et ses filles, et je m'emparai de tous ses biens , y inclus l'or et l'argent, et j'amenais avec moi tous les captifs à Hattousa. De sitôt j'asservi Alašia et la fit tributaire». (14).
Pour touts ces méfaits il compta avec l'aide de la flotte d'Ougarit.
Maître du cuivre chypriote, Tudhaliya imposa à Ougarit, à Karkemiš et à tous ses rois satellites un embargo sur les importations dudit métal procédent de l'Assyrie.
Le Levant de la Méditerranée à la fin de l'Âge du Bronze
Derniers rois de l'Empire Hittite
Dans sa 67e année (1213), le cœur de Ramsès II, qui battait depuis 92 ans, s'arrêta. ((7), p. 391).
À la mort de Tudhaliya IV, quatre ans après, lui succède Arnuwandas III (1209-1205), contemporain du Pharaon Mineptah. Son successeur Suppiluliuma II serait depuis 1205 Roi de Hatti.
Campagnes de Suppiluliuma II
Il imposa énergiquement son autorité sur les rebelles de Wiyanawanda (Oenoanda ou Oinoanda, en grec τα
Οινοανδα), à côté de l'actuelle Incealiler, presque à 1.200 msnm, en la tête de la Xanthe, alors à Karkiša (=Carie). Il en fit de même à Tamina, Masa, Lukka (=Lycie) et Ikuna (¿=Konia?). En cette victorieuse campagne «je surpassai - il affirme avec orgueuil - aux rois antérieurs; Ma Majesté conduisit tous les pays au dedans des frontières de Hatti...Ma Majesté vencut, pris Tarhuntašša»(16).
Dans une autre inscription, dans l'angle sud de la citerne orientale de Hattusa, il affirme que pendant son règne eut lieu le saccage de Tarhuntašša, ville d'ignorée ubication, quoique évidemment il faudra la chercher dans le royaume du même nom.
L'on sait qu'après la destruction de Mersin et de Tarsus, ces deux villes furent réoccupées par des gens usagers de la céramique type LH III C (LH= héladique tardif). Il importe de rechercher qu'est il arrivé au seul port hittite: Ura, à l'ouest de Mersin et à côté de l'embouchure du Göksu, ancien Calycadnus, une position clé face à Chypre et Ougarit, et pas encore excavée.
Invasion. Disparaît Suppiluliuma II (1187?)
L'on n'en savait plus.
Mais dans les régistres d'Ougarit, fidèle vassal du Grand Roi de Hatti, l'on a trouvé cet inquiétant texte fragmentaire:
« L'ennemi [avance] contre nous et il est innumérable [...] Notre nombre est [pur ?] [...] Ce qui soit disponible, cherchez-le et envoyez-le moi ».
(Astour 1965).
En plus, de la traduction de (15), récemment publiée, l'on peut extracter le suivant:
Vers l'année 1180, Kupanta-Kurunta III, roi de Mira et d'Arzawa, en ignorant Suppiluliuma II, dernier roi de Hatti, s'intitula Grand Roi Labarna et, même que Wilusa (=Ilion) avait été un protectorat du Grand Roi de Hatti, il se mit à la tète d'autres quatre rois satellites: Walmus (en grec Almus), roi de Wilusa (=Ilion), le roi de Hapalla, le roi de la Vallée de Seha et le roi d'Assuwa (=Bas Hermos - actuel Gediz -, y inclus le mont Sypile). De son trône à la ville de Mira (Beyçesultan), il désigna généralissime de la coalition à Muksus (nom phrygien trouvé dans des tumulus de Gordion), Grand Prince de Wilusa. Celui-ci, à bord des navires frétés par le Labarna, débarqua à Ascalon - non loin de la frontière de l'Égypte -, où il établit une énorme enceinte fortifiée (50 Has.).
Possible route de l'expédition contre Ascalon
LA FIN INGLORIEUSE DE LA XIXe DYNASTIE
L'énigme Amen·mose (1200-1196)
Lorsque le Pharaon Mineptah, qui avait résidé à Memphis, mourut (~1201) à l'âge de 67 ans, les couronnes du Double Pays correspondaient à son fils Nefer·set·ra, que nous appelons Séthi II, né de la reine Istnofret. Cependant, un Amen·mose (parfois transcrit Amen·meses), d'incertaine origine, commence à régner depuis Thèbes. Son nom de nesu bity fut Meni·ra Setepen·ra, et son nom de Sa-Ra, Amen·mose Hika·wasit, c'est-à-dire, Amen·mose, Seigneur de Thèbes. Bientôt (~1196) il serait évincé du pouvoir, un pouvoir qui semble avoir été circonscrit exclusivament au sud de l'Égypte. Sa mère aurait été Ta'jat, une fille de Ramsès II eue de sa propre 0fille Henut·mi·re, et aurait épousé Tiyi, une princesse nubienne.
Cet Amen·mose serait né - selon (17) - en 1226 a.J.-C., c'est à dire dans la 54e année de Ramsès II. Son tombeau dans la Val des Rois est KV10, bien connu dès l'Antiquité. Mais du titulaire Amen·mose aucun vestige n'a été retrouvé ni dans son tombeau ni ailleurs. À propos de sa disparition à partir de l'an 1196 nous manquons absolument de plus de données. Tout ce qui a été trouvé dans KV10 c'est une partie d'un couvercle de sarcophage de granit rose, clairement inscrit au nom de Ta'jat, ce qui appuyerait l'hipothèse de que cette reine y a été sépultée.
Règne de Séthi II (~1201-1195)
De nouveau un Pharaon de cette XIXe Dynastie a bien voulu choisir le nom de Séthi, le dieu de ses sujets d'origine asiatique.
Colosse de Séthi II conservé au Musée Égyptien de Turin
Pendant son règne, un scribe de nom Bay est documenté comme l'intendent du roi, une position importante.
Quant à la domination égyptienne en Canaan durant ce règne, dont les «cartouches» y ont été trouvées, elle est attestée à Bet-San (Tell el-Husn, Cisjordanie), qui montre une ville cananéenne avec garnison égyptienne.
Lorsque Séthi II mourut, après un règne de seulement six ans, il fut sépulté dans la tombe KV15.
Règne de Siptah (~1195-1189)
Au moment d'acceder au trône, Siptah était un enfant d'environ douze ans, avec son pied gauche déformé par la poliomyélite, come en témoigne sa momie, qui a été conservée. Cette déformation fit de lui un handicappé.
L'intendent Bay, mentionné ci-dessus, était d'ethnie khacru (syro-cananéene, hurrite ou de Harran), et apparaît représenté, maintenant avec le titre de Chancelier, derrière le trône et de la même taille que l'enfant-roi Siptah. Il se fait appeller Ramesse Khaemteru, et réitère dans diverses inscriptions faisant référence à Siptah, que c'est lui qui a « établi le roi sur le trône de son père ».
À la date, malheureusement, l'identité de son père nous est inconnue. L'on a suggéré tant Séthi II comme Amen·mese, et même Mineptah. Pourquoi, sinon, à son année 2e, aurait-il changé son nom royal, adoptant le nom de Mineptah Siptah? Si cela fût le cas, il aurait été demi-frère de Séthi II.
Sa mère, selon Aidan Dodson, fut une dame syrienne appelée Sutailja.
Non obstant, c'est Taousert, la veuve de Séthi II, qui détint la régence.
Des tablettes découvertes dans les fouilles d'Ougarit à Ras Šamra (en Syrie, à onze kilomètres au nord de Lattaquié) preuvent que cette opulente cité-état échangeait des messages avec Bay d'Égypte, qui s'identifie comme « chef des Gardes de Corps du Grand Roi, le Roi d'Égypte ».
Commence de sitôt la construction simultanée de trois tombeaux dans la Val des Rois, de conception similaire, destinés respectivement au Pharaon Siptah (KV47), à la Reine Régente Taousert (KV14), et au Chancellier Bay (KV13). Certains conjecturent que Bay aurait pu bénéficier de ce privilège inouï pour avoir été apparenté à la mére de Siptah.
Décés du Chancellier Bay et du Roi Siptah
De la recomposition de deux fragments d'ostraca a été obtenu (24) le texte suivant:
« An 5, III Šemu, 27º. Aujourd'hui, le scribe du tombeau, Paser, est venu annoncer: "Le Pharaon – Vie, Prosperité, Santé - a exécuté le grand ennemi Bay".»
Cette année 5e de Siptah correspondrait à ~1191 a. J.-C. Siptah aurait également ordonné l'immédiate interruption de la construction du tombeau KV13 de l'usurpateur Bay, qui n'y serait jamais sépulté, et dont aucune autre information n'est connue. Deux sarcophages de la XXe Dynastie ont été retrouvés dans cette tombe: celui d'Amen·hir·jepšef, fils aîné de Ramsès III, et celui du prince Mentu·her·jepšef, fils de Ramsès IX, quoique la tombe K19 avait été préparée pour lui.
Mais Siptah fut bientòt (~1189 a.J.-C.) décédé – dans quelles circonstances l'on ne sait pas – étant enseveli dans la tombe KV47, la Reine Régente Taousert assumant alors la pleine royauté.
Règne de Taousert (~1189-1187)
Taousert adopta alors – imitant la reine Hat·šep·sut (~1513-1490) – des titres pharaoniques. Elle choisit comme nom de nesu bity celui de Sit·ra Meri·amon (Fille de Ra Aimée d'Amon) et comme nom de Sa-Ra celui de Taousert Meren·mut (Puissante Aimée de Mut).
Mais deux ans plus tard, le général Seth·nakht, fondateur de la XXe Dynastie, mit fin à son règne éphémère et à la XIXe Dynastie.
L'on ignore ce qu'il advint de cette dernière Pharaonne d'Égypte. Dans sa tombe, KV14, se trouve un sarcophage de granit rose, brisé dans l'Antiquité, mais portant les « cartouches » de Set·nakht.
Date de la chute de Troie (~1188)
Selon l'historien égyptien Manéthon, qui écriva en grec, Troie tomba durant le règne de Thuoris (en grec, Θυορις), ajoutant qui est appellé Polybe en Homère. La moderne égyptologie identifie Thuoris avec la reine Taousert (~1189-1187); donc la chute de Troie eut lieu en 1188, avec une erreur de moins de deux ans.
CANAAN ET LA XXe DYNASTIE
Arrivé à ce point, Manéthon introduit un changement de Dynastie. Un nouveau Pharaon - dont le nom Seth·nakht évoque encore au dieu Seth - fait face avec succés à une crise dont l'on aimerait en savoir plus, et après au moins quatre années de règne, passe le pouvoir à son fils. Celui-ci adopte le nom prestigieux de Ramsès: modernement nous le désignons Ramsès III. Tous ses successeurs se nommèrent aussi Ramsès; nous les appliquons les numéros romains IV à XI, avec lequel s'extinga la XXè Dynastie.
Ramsès III (~ 1185 à 1153)
En Cisjordanie, à Bet-San (Tell el-Husn), l'on a trouvé la statue de Ramsès III, dont la photo ci-dessous.
Statue de Ramsès III découverte à Bet-San
En Transjordanie ont été étudiés deux sites importants pour la datation de la fin de la domination égyptienne dans la région: Tell es-Saïdia (voir Annexe 2) et Deir cAllà.
À Tell es-Saïdia, près du Jourdain, a été fouillé et étudié un poste militaire égyptien du temps de Ramsès III. Juste au sud, à Deir cAllà (Monastère d'en Haut), sur la rive droite de la rivière Yabbok, affluent par la gauche du Jourdain, l'on a détecté deux
tentatives de reconstruction de Ramsès III, suivies d'incendies. À la mort de Ramsès III (~ 1153 avant J.C.) (aujourd'hui nous savons qu'il périt égorgé dans une sanglante conspiration de palais) elle se réoccupe avec céramique soit-disante Philistine.
Ramsès III en Canaan a également construit des temples pour le culte des dieux cananéens, et l'on atteste le contrôle égyptien des deux rives du Jourdain à l'époque.
Le Papyrus Harris donne un aperçu de ce long règne (32 ans), écrit apparemment pour le couronnement de Ramsès IV, sans aucune mention de développements importants, comme aurait sans doute été l'effondrement de la domination égyptienne à Canaan.
Toutefois, l'événement majeur de ce règne a été le rejet de l'invasion des Peuples de la Mer.
L'invasion des Peuples de la Mer (~1178)
Les destructions se révèlent tout au long de la côte de Levant, dès Alalakh et Ougarit au Nord, jusqu'à Yaffa, Ašdod, et Ascalon au Sud. Mais elles manquent tant à Byblos comme à Sidon, ce qui s'expliquerait en supposant que ces villes maritimes mirent leurs bateaux à la disposition des attaquants. Depuis lors disparaissent les vocables «Canaan» et «Cananéens» sustitué celui-ci par «Peleset», ou ses variantes «Philistins» ou «Palestiniens».
D'Ascalon serait partie l'attaque amphibie que Ramsès III (~1185-1153), déjà de la XXème Dynastie, réussit à repousser en mobilisant tous les Égyptiens. Son temple de millions d'années à Medinet Habu glorifie en des grandioses bas-reliefs son triomphe décisif en l'année 8ème de son règne (~1178) en freinant la terrible invasion maritime-terrestre des appellés Peuples de la Mer.
Les Peleset capturés par Ramsès III furent marqués avec le nom du Pharaon et enrôlés dans l'armée égyptienne:
«... Je les ai établis dans les lieux fortifiés ... J'ai leur ai attribué des rations et des vêtements, des trésors et des greniers chaque année ...».
Cartouches avec les noms de Ramsès III.
Première «cartouche» avec le nom de nesu bity: User·macat·ra Meri·amon (voir Annexe 3); deuxième «cartouche» avec le nom de Sa-Ra: Ramsès·hika·Iounou.
Si, lors de l'Exode, les Philistins ne s'étaient pas encore installés au pays de Canaan, l'année ~ 1177 serait date ante quem. Mais comme le groupe d'invasion de Moïse fit un détour par le Sud et l'Est de la mer Morte, et il attaqua à partir de la
Transjordanie, rien n'empêche que la côte fût déjà, au moment de traverser le Jourdain, entre les mains des Philistins.
La question est quand ces Philistins sont devenus indépendants, d'abord n'étant que simples fœderati du Pharaon (formule utilisée plus tard dans l'Empire romain pour les Wisigoths et d'autres peuples). Comme nous l'avons vu, la domination de Ramsès III sur les deux rives du Jourdain est prouvée, et l'on aurait même trouvé des vestiges archéologiques témoignant de la présence égyptienne en Palestine - mais pas à Deir cAllà - pendant des règnes suivants.
En bref, l'effondrement de la puissance égyptienne à Canaan se serait produit pendant le règne d'un Pharaon Ramsès N, où N > 4. Et cet effondrement pourrait nous donner une date post quem pour l'Exode, puisque la Bible ne mentionne pas lutte
aucune des Hébreux contre troupes égyptiennes lors de l'occupation de Canaan.
Postérieurement, le roi Saoul et ses successeurs s'affronteraient avec succès variable aux seranim (tyrans) de la Pentapole philistine: Ašdod, Ascalon, Gaza, Gat (Tell es-Safi) et Écron (Tell Mikné). Tant Gaza comme Ascalon, Ašdod et Gat sont toponymes déjà mentionnés dans les lettres de Tell el-Amarna. Ce n'est pas le cas d'Écron, mot d'origine Thraco-Phrygienne, et dont la racine proto-indoeuropéenne *akr- ou *aker- signifie «haut».
RELEVANCE HISTORIQUE DE L'ABANDON DE PI-RAMSÈS
Revenant au Delta, si l'abandon de Pi-Ramsès, si soudain comme celui de Nouvelle-Orléans en 2005, et, comme à Nouvelle-Orléans, imposé par les eaux incontrôlées, a coïncidé avec l'Exode de la Bible, bien sûr qu'il aurait été un événement majeur dans l'histoire de l'Egypte! En outre, il nous donnerait enfin la très recherchée date de l'Exode, qui tant d'encre a fait verser en vain.
Les implications socio-politiques de l'abandon de Pi-Ramsès, sans parler des retentissements économiques, ont dû être énormes, même pour le pouvoir omnimode des Pharaons. Il suffit de comparer le coût tant politique qu'économique aujourd'hui dans un grand pays comme les EUA, de l'évacuation de la ville de Nouvelle-Orléans, citée ut supra. Nouvelle Orléans fut réoccupée une fois réparés les digues. Mais nous avons plusieurs examples d'abandon définitif de villes en Mésopotamie, dès que l'Euphrate changea son cours. Tel fut le cas de la très ancienne ville de Nippur - quelques deux millénaires plus ancienne que la Première Dynastie égyptienne -, ville dont le temple principal était dédié au dieu sumérien Enlil, et construite à côté d'un bras de l'Euphrate aujourd'hui sec appellé Chatt en-Nil, abandon sans doute relié à la dessecation dudit bras.
Les sources égyptiennes ne nous informent pas directe et clairement sur l'épineuse question de la réinstallation des habitants de la mégalopole désolée de Pi-Ramsès. Mais il y a très claires preuves indirectes.
L'an 1130 où l'on aurait quittée la ville de Ramsès coïnciderait (selon la plus probable datation) avec la 3ème année du règne de Ramsès VII (~ 1133 à 1125) ou bien l'année 7, et probablement dernière, si l'on renvoyait les dates à ~ 1137 à 1130.
En tout cas, entre 40 et 50 ans après l'invasion des Philistins de l'an ~ 1177, et son contrôle du territoire connu comme Pentapole Philistine, qui englobait la côte sud de Canaan.
En 1130, si encore vivait Amen·meses (à qui quelques-uns ont proposé identifier avec le Moïse biblique), né en 1226 selon (17), il aurait eu 96 ans. Éxode 7, 7, précise que Moïse avait 80 ans, et Aaron 83, quand ils ont parlé au Pharaon dont le nom ne se dit pas. La terminaison Moses ou Meses -dépouillée de la déjà inconvenable mention initiale à Ammon- , est commune à plusieurs noms théophores égyptiens, tel Tutmose, Ahmose, etc.
L'identification proposée de Ramsès II ou Mineptah comme Pharaon de l'Exode fut abandonnée dès que l'on trouva leurs momies, pendant maintes années visitables au Musée Égyptien du Caire. (Le samedi 3 avril 2021, IIè année de la Pandemie, les momies de 18 Pharaons et de 4 reines - entre elles celle de Hat·šep·sut - furent solennellement transférées au nouveau grand Musée de la Civilization Égyptienne, près des Pyramides).
En outre, l'Ancien Testament assure que l'armée égyptienne a péri dans la mer, mais il n'affirme pas taxativement que Pharaon lui-même ait péri aussi sous les eaux. L'édition espagnole de la Bible de Jérusalem totalement révisée (4ème édition, approuvée dans la CCXII réunion de la Commission Permanente de la Conférence Épiscopale Espagnole de 18 Février 2009) indique que l'expression Hébreue yam suf -mer de joncs ou mer de tiges - est une addition (Note à Ex 13, 18, p. 87).
Toutefois, compte tenu du fait que l'on conserve toutes les momies des Pharaons de la XXe Dynastie, sauf deux: celle de Ramsès VII et celle de Ramsès VIII, que sont recherchées et pourraient se rencontrer un jour, ce que nous savons de Ramsès VII: qu'il a survécu à son fils aîné, et que sa momie n'a pas été trouvée (voir Annexe 3), et de Ramsès VIII - dont l'on ignore à peu près tout, y compris son inhumation - ne contredit pas le récit du Pentatéuque.
Quant à l'éventuel point de croisement de la Mer Rouge, je considère intéressant constater ici que dans la bouche du Golfe de cAqaba, le Détroit de Tiran, en Arabe مضيق تيران , avec plusieurs îles et récifs qui réduisent à envers 5 km le canal séparant les deux rives, le vocable Arabe Tīrān (mais écrit طيران avec la «tā'» occlusive dentale sourde enfatique) se traduit comme «fuite», et il pourrait conserver une ancienne tradition Arabe. (Le vocable Arabe hijra ne signifie pas exactement «fuite», comme erronément l'on insiste à dire, mais plûtot «émigration»). Les photos aériennes dénoncent que, s'il y a trois mille ans le niveau de la mer auraite été significativement plus bas, le passage de la péninsule du Sinaï à la péninsule arabique par le Détroit de Tīrān aurait été beaucoup plus facile qu'aujourd'hui.
LE DELTA DU NIL: GÉOGRAPHIE, DYNAMIQUE LITORALE ET SÉISMES
Il est important de noter que les deltas varient si rapidement - rapidement à l'échelle géologique-, que la carte du delta du Nil au cours de la XXe Dynastie serait certainement très différente de celle d'aujourd'hui. Considérons ceci plus en détail.
Dynamique fluviale et dynamique litorale
Le moderne Génie de Ponts et Chaussées a réalisé des progrès importants dans la connaissance de la dynamique fluviale et côtière. L'on pourrait travailler à reconstruire la carte du delta du Nil au cours des millénaires, à la
lumière de ces deux phénomènes:
a) Dynamique fluviale
Comme nous le savons bien en Aragon, l'Èbre, dans environ 100 km en amont et en aval de la ville de Saragosse, serpente littéralement: il change son cours, étrangle des méandres, laisse des «galachos» ou lacs résiduels qui finalement
terminent par se dessécher. Le Nil se comporte de la même façon dans les plaines du Delta. Dans ces deux rivières et dans toute autre de la planète: la Garonne, le Mississippi, et le Méandre, en Turquie, qui a donné nom au phénomène, etc.
l'on peut entrevoir grâce à la photographie aérienne, les variations constantes des canaux, qui forment des méandres. Phénomènes de changements soudains se produisent souvent à la suite de graves inondations, un phénomène annuel du Nil, et
irrégulier dans le temps dans d'autres rivières (l'Èbre, l'Indus, la rivière Jaune, plusieurs rivières de l'Amazonie, etc.) ... Les bras et les bouches du Nil n'ont jamais cessé de modifier son cours au fil des siècles.
b) Dynamique côtière
Selon l'existence ou non de marées, et selon l'angle d'incidence des vagues dominantes, les alluvions des rivières forment des deltas (comme le Nil et l'Ebre), des flèches (comme El Rompido, près de la Ría de Huelva), des étangs ou estanys (comme
au Languedoc), des albufères (comme à Valence en Espagne, et aussi au Portugal), des «tómbolos» (comme à Peñíscola et à Gibraltar), ou d'autres formations côtières.
Le Nil, le plus grand fleuve de la Méditerranée, une mer sans marées, qui a rempli un ancien estuaire en le transformant en le Delta par excellence, génére dans celui-ci une chaîne d'étangs, destinés à s'assablir, puis générant une
deuxième chaîne d'étangs, et ainsi de suite.
Tremblements de terre, tsunamis, et subsidence des fonds marins
À tout cela il faut ajouter que la Méditerranée Orientale est une zone d'élevée instabilité sismique, où les tremblements de terre peuvent aussi bien générer des tsunamis. Les séismologues grecs contemporains ont documenté des
dizaines de tsunamis depuis 1801 [3]. Le dieu Poséidon, «qui remout la Terre», incarne l'impact de ces phénomènes téluriques dans la psyché des anciens Grecs. Plus tard, l'historien romain Ammien Marcellin a documenté le terrible tsunami du
21 Juillet 365, qui a balayée la côte d'Alexandrie et de sa région. Encore au siècle VI, Alexandrie commémorait «la journée de l'horreur». De récentes découvertes sous-marines au large de la ville ont trouvés les restes du Portus Magnus
hellénistique à environ 6 m de profondeur. À proximité, toute la partie orientale de la baie d'Aboukir a coulée sous la mer peu profonde, apparemment dans la seconde moitié du s. VIII après J.C. Sous les vagues, l'on a retrouvés les restes
des villes de Canope et de Thonis, avec le grand temple du Herakleon, ainsi que l'ancienne bouche canopique du Nil (18).
Tous les éléments ci-dessus prouvent qu'un tsunami pourrait facilement avaler une armée qui longerait les côtes du Delta ou les régions avoisinantes.
En plus de la subsidence lente du sol marin, il semble se constater dans cette région un basculement général du Delta, qui pendant des siècles a lentement tourné autour d'un axe nord-sud, et en sens anti-horaire, déplaçant séculairement les
bouches du Nil de l'Est à l'Ouest. En profitant que, parmi tous les pays du monde, c'est l'Égypte qui a conservé une plus longue séquance de données sur ses inondations (par exemple, dans la fameuse pierre de Palerme), nous pourrions étudier
et mieux comprendre la carte du Delta ces lointains jours. En partant du présent Delta (contours verts sur la carte ci-jointe, et les deux bras vifs du Nil, les lagunes, et le canal de Suez), et avec l'aide des photographies des satellites
artificiels, l'on pourrait dessiner une première approximation du Delta à l'époque, il y a plus de trois mille ans (en bleu).
LES DIX PLAIES DE L'ÉGYPTE
Précédé l'Exode des Dix Plaies de l'Égypte, voyons quelques aspects de celles-ci.
Première Plaie: l'eau se change en sang. Le sang des Bourguignons.
Comme l'on indique auparavant (§ Dynamique fluviale), les variations du cours des fleuves se produisent souvent pendant les inondations, se faisant visibles à la descente des eaux. Autrement dit, à la descente du niveau du Nil à la fin d'Akhet de l'an 1130, l'on aurait constaté que les Eaux de Ra, jusque là navigables, s'étaient changés en un rosaire d'étangs pourris, toujours minguants, où se développerait l'algue toxique Oscillatoria rubescens (modernement l'on tend à l'appeler Planktothrix rubescens), qui rougit l'eau et tue les poissons (19), [7]. Le phénomène est bien connu en Europe depuis 1825, quand les eaux du lac suisse de Morat (en allemand, Murtensee) virèrent au rouge, et les pêcheurs racontaient que c'était «le sang des Bourguignons» qui émergeait à nouveau. Il était encore bien vivant le souvenir de la sanglante bataille de Morat (en allemand, Murten) le 22 juin 1476, au cours de laquelle les Suisses ont anéanti à côté dudit lac l'armée de Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne. Ainsi le narre dans ses Mémoires Philippe de Commynes, conseiller du roi de France: «Le seigneur de Contay, qui arriva vers le roy [de France Louis XI, surnommé l'Universelle Aragne (l'araignée universelle)], tost après la bataille, confessa au roy, moy présent, qu'en ladite bataille estoient morts huit mil hommes du parti dudit duc...» (20, p. 353).
Restantes Plaies et durée du processus
Des rouges et toxiques eaux du Nil auraient fui premièrement les grenouilles (Seconde Plaie), que ne dévoreraient plus les larves de moustiques (Troisième Plaie), ni des autres insectes (Quatrième Plaie). Sa prolifération aurait causé les ulcères, et celles-ci, à son tour, la mort du bétail (Cinquième Plaie) et de maintes gents, peut-être par l'anthrax (Sixième Plaie), en s'enchaînant ainsi l'une après l'autre les six premières Plaies.
Voyons combien ait pu durer ce traumatique processus. Nous savons que, entre la Première et la Seconde Plaie sept jours se sont écoulés.
En acceptant les mots du Pentatéuque, sur la Septième Plaie, la grêle: «Elle détruit le lin et l'orge, car l'orge était déjà dans la tige et le lin en fleur, mais le blé et le sarrasin ne furent pas détruits, étant en retard» (Exode 9, 31-32) l'on serait en état de déterminer la période de l'année de ces ravages. Dans l'Égypte le lin fleurit à la fin Janvier, l'orge commence à mûrir à la fin de Février, et le blé mûrit à la fin Mars ou début Avril; donc, la Septième Plaie, la
grêle, dût avoir lieu entre la mi-Janvier et la mi-Février.
Selon les sources, entre les Septième et Dixième Plaies (que, naturellement, seraient dûes à d'autres causes [9]) s'écoulèrent un mois et demi ou deux mois, et il ne se serait probablement écoulé une plus longue période entre la Première et la Septième Plaie.
En bref, les exégètes bibliques croient que le processus des Dix Plaies n'aurait duré plus de trois à quatre mois, de l'entrée de la mi-Novembre à la fin de Mars. Autant dire que les Plaies commencèrent peu après la fin de la saison Akhet, et
durèrent presque toute la saison Peret [8].
Après ce via-crucis de catastrophes tout au long de Peret, Šemou arriva et sèchat les puits, obligeant la hâtive sortie en masse de toute la population de la monstrueuse Pi-Ramsès, hantie par la soif.
LA DOTATION DES CHARS DE GUERRE ÉGYPTIENS: DATE POST QUEM
En sortant dans la poursuite des Hébreux, Pharaon, quiconque il fût, «pris six cents chars d'élite, et tous les chars de l'Égypte, chaque voiture avec trois guerriers.» (Ex 14, 7), voir (1-a). C'est un détail très
intéressant, parce que le char égyptien, au moins à la bataille de Qadeš contre les Hittites, (l'an 5 de Ramsès II) avait un effectif de deux guerriers: le cocher, qui tenait les rênes, et le guerrier proprement dit, et non pas trois. Dans
les bas-reliefs du grand temple d'Ammon à Karnak représentant le combat, à plusieurs reprises publiés (voir p. ex., p. 179 (7), en traduction espagnole), il est facile de distinguer les chars des Hittites, avec trois
guerriers à bord, des chars des Égyptiens, avec deux guerriers seulement.
Alors, l'une de deux choses: soit le texte de l'Exode nous informe mal, soit le char égyptien au moment de l'Exode avait un effectif de trois combattants. Le rôle peu glorieux joué par les guerriers égyptiens dans la bataille précitée n'est
pas impossible qui ait amené un changement ultérieur dans la dotation des chars, en imitant la conception hittite, prouvée plus efficace. Ce sont précisément ces détails inutiles à l'histoire principale qui méritent plus de foi dans les
traditions transmises. Il est très probable que chaque voiture dans l'Exode eût seulement trois guerriers, et non pas un, ni deux, ni quatre. Pourquoi auraient-ils inventé ce détail irrélévant? La Septuaginta écrit, dans ce verset 7 du
chapitre 14:
(Et il prit six cents chars d'élite
et tous les chevaux/chars des Égyptiens
et trois guerriers sur tous).
La preuve ci-dessus que l'Exode serait postérieur à la bataille de Qadeš (an 5e de Ramsès II -1274-), et également à la date à laquelle l'Égypte passe de deux à
trois guerriers sur chaque char, nous fixant ainsi une date de l'Exode encore plus récente. Aussitôt que les Égyptologues découvrent cette date, nous aurons une référence additionelle. L'on sait que, dès la paix entre Ramsès II et Hatusil, celui-ci envoya des instructeurs militaires à l'Égypte, où ils ont bien pu introduire la char à trois tripulants.
Ramsès III, l'oppresseur des Bédouins
D'autre part, le Dr. Bietak a publiée (21) une observation très aigue qui était passé inaperçue aux excavateurs eux-mêmes: deux habitations «à quatre chambres» en bottes de joncs (peut-être bottes de roseaux?), sur fondations peu profondes
creusées dans la roche, ont été trouvées sur la rive ouest de Thèbes (la plupart des experts croient que c'est spécifiquement israélienne cette sorte de maison «à quatre chambres»); elles auraient été habitées par des travailleurs israéliens,
des esclaves peut-être. Sa tâche: la démolition du temple de millions d'années d'Ay et de Horemheb son successeur, trés probablement sous les ordres de Ramsès IV (~ 1153 à 1146). L'esclavage [4] de ces personnes serait consigné dans le Grand
Papyrus Harris, où Ramsès III, après se vanter de sa victoire sur les Peuples de la Mer, ajoute: «... j'ai détruit le peuple de Séir parmi les tribus bédouines (Šosua). J'ai dévasté ses magasins, les personnes, les biens, ainsi que leur
bétails [innombrables], je les ai immobilisés et mis en captivité comme le tribut de l'Égypte. Je leur ai donné à l'Ennéade des dieux, comme des esclaves dans leurs foyers (temples).» (citation littérale de (21)). En conséquence, l'on
devrait pouvoir détecter plus d'habitations de ce genre dans différentes parties de l'Égypte. Ainsi, Ramsès III pourrait bien être le Pharaon oppresseur mentionné dans l'Exode. Quand une grande puissance est en guerre avec un autre groupe ethnique, elle a
généralement tendance à se méfier de ceux qui, appartenant à ce groupe ethnique, vivent sur leur territoire. Il ya des cas récents.
UNE DATATION TARDIVE DE L'EXODE?
Tous les raisonnements ci-dessus permettent de suggérer la possibilité d'une datation tardive de l'Exode, si l'on considère en plus que le Psaume 78 (verset 12) situe les orageux entretiens entre Moïse et le Pharaon innominé, juste dans la ville
de Djacnet/Zoan/Tanis, dont la construction serait déjà commencée. Bien qu'à proprement parler, ce verset ne prouve qu'une chose: que le texte reçu a été écrit après la fondation de Tanis, mais même ainsi, il appuie le cas d'un Exode tardif.
La date précise serait beaucoup plus difficile à déterminer, car la construction de la nouvelle capitale, et le transfert à son profit des monuments de pierre de Pi-Ramsès, se seraient retardés des décennies. En effet, c'est établi que
l'instauration officielle de Tanis comme capitale a eu lieu pendant le long règne de Ramsès XI (~1094-1064), en particulier dans l'année 19 (environ 1075), soit 55 ans après l'abandon de Pi-Ramses.
Ramsès XI, avec son long règne de 30 ans, fut le dernier monarque de la XXe Dynastie. Dans sa 19e année, en plus de l'installation de la cour dans la nouvelle capitale de Tanis, l'Egypte a officiellement instauré l'ère de wehem mesut,
littéralement, de la "répétition des naissances", ou, si l'on préfère, de la Renaissance.
Mais ceci est un thème à part, que je traiterai peut-être plus tard.
FIN
ANNEXE 1
La Stèle de la Victoire de Mineptah (~ 1208), date ante quem?
L'année 5e du règne de Mineptah (~ 1212-1201), 13e fils et successeur de Ramsès II le Grand, l'Égypte a rejetée l'invasion d'une coalition formée par deux tribus libyennes alliées aux Luka, Šardanna, Akiwaša, Šekleš et Turša, au total sept alliés. La victoire égyptienne a été commémorée dans la stèle
Cartouches du pharaon Mineptah. Premiére cartouche: Ba·en·Ra Meri·Amon; deuxième cartouche: Merenptah Hotep·hir·Macat
de granit dont la photo a été publiée dans (22), trouvée à Thèbes en 1896. Bien que l'ensemble de données qu'elle nous fournit est d'un grandissime intérêt, ici l'on se borne aux dernières lignes, référées à l'Asie, que les égyptologues traduisent:
«... tous les maux affligent Canaan, Ascalon est déporté, Gézer est conquis, Yenocam n'est plus là, Israël n'a plus de sémence, Khacru est devenue la veuve de l'Égypte ... » Le texte entre guillemets se lit dans l'avant-dernière ligne de la stèle.
Ascalon, Gézer et Yenocam étaient villes cananéennes (voir carte). Khacru désignait la région de Syrie et Canaan.
Par conséquent, les Israélites étaient en Canaan l'année ~1208 , ergo l'Exode aurait eu lieu avant cette date. Mais, en réalité, le texte ne preuve pas nécessairement cette conclusion. En effet:
Premièrement
L'écriture hiéroglyphique n'écrit que les consonnes; certains mots sont suivis d'un hiéroglyphe supplémentaire à ne pas lire, et dont la fonction était de clarifier le sens du mot précédent. Ce signe est appelé déterminatif.
Ainsi, le mot MR (pyramide), est suvi du schéma d'une pyramide. Eh bien, dans la stèle, qui se lit de droite à gauche, le mot YiSRRi3R (où la transcription du signe hiéroglyphique «3» vautour réprésente un son consonnantal inexistant
dans les langues indo-européennes, et qui est similaire à celui indiqué par le signe arabe hamza, est suivi d'un R prononçable come L, et d'un déterminatif appuyé sur trois lignes verticales (le pluriel égyptien), déterminatif formé par les
schèmas d'un homme et d'une femme. C'est donc un déterminatif indiquant des personnes, et non pas des villes ou des nations.
Deuxièmement
Les égyptologues sont en majorité enclins à identifier le YiSRRi3R de la stèle avec un Israël ubiqué dans l'intérieur montagneux du pays de Canaan.
Troisièmement
Deux références bibliques incluent le nom du Pharaon Mineptah. Elles citent toutes deux une source située au nord-ouest de Jérusalem, appelée la source de «Neptoah» ou «Mineptah» (Josué 15, 9 et 18, 15). L'archéologie a prouvé
que dans les temps de Mineptah y résidait une garnison égyptienne. L'existence de la localité et de la garnison semblent testifier le contrôle égyptien du territoire sous ce règne.
Quatrièmement: Règne de Ramsès III en Transjordanie et en Cisjordanie du Nord
Le site de Tell es-Saïdia que l'on commente plus tard, et la statue de Ramsès III trouvé à Bet-San (Tell el-Husn), prouvent le contrôle égyptien des deux rives du Jourdain dans le règne de ce Pharaon, ce qui invalide les arguments attribués à la stèle de Mineptah, environ quarante ans plus tôt.
Conclusion
Le texte de la stèle décrirait (selon l'interprétation la plus truculente) l'extermination des proto-Israëlites par un Mineptah qui serait cruellement inflexible: d'autres sources informent que la bataille contre les envahisseurs Libyens
et leurs alliés à causé 6.000 morts et 9.000 prisonniers ennemis. Au pied de la fenêtre de son palais à Menphis ont été déposées les mains et les parties génitales des ennemis morts, comme preuve de la victoire. Les prisonniers seraient exécutés
jusqu'au dernier, et exécutés par empalement, cruauté jamais vue avant ou depuis en l'Égypte. On se demande si le Coran (38, 12 et 89, 10) fait allusion à cela quand il écrit: Pharaon, l'homme «aux épieux» (en Arabe, du-l-awtad).
Mais si l'on n'accepte pas l'extermination, mais plutôt que cet Israël fut sévèrement touché mais il survécut, l'on pourrait très bien supposer qu'un ou plusieurs groupes qui plus tard soient sortis de l'Égypte auraient pu s'associer avec les
restes de cette tribu et d'autres tribus déjà installées à Canaan. Cette alliance ou association de tribus, au nombre de douze, aurait formé ce qui dans le monde grec s'appellerait une «amphictyonie» ou alliance sacrementée devant une divinité
dans son sanctuaire. Ainsi, selon Josué, 24, l'Alliance des Douze Tribus aurait été sacrée à l'Assemblée de Sichem, sur la base des Dix Commandements écrits par Moïse. Pour commémorer l'Alliance, Josué cloua là un menhir. Et le premier
sanctuaire de la Tente de la Réunion a été installé (Josué 18, 1) à Silo (aujourd'hui Seilun, quelque 20 km au sud de Naplouse).
Pour tout ce qui précède, la stèle de Mineptah ne prouverait pas que ~ 1208 soit date ante quem pour l'Exode biblique.
ANNEXE 2
Les interrogants de Tell es-Saïdia
Cette source de Transjordanie, dans l'actuel Royaume Hachémite de Jordanie, est, à mon avis, d'un grand intérêt pour la datation de l'Exode.
Emplacement
Le gisement est situé (voir la carte) à mi-chemin entre le lac de Tibériade et la mer Morte, à distance de marche du Jourdain, et dispose de sa propre source d'eau potable. Tell es-Saïdia est situé entre deux affluents du Jourdain: le Yarnak au
Nord, et le Yabbok au Sud, qui limitent le pays de Galaad, conquis par Moïse lui-même, qui'l a assigné à une moitié de la tribu de Manassé.
Données
Il a été topographié en 1942 par N. Glueck. La situation de guerre dans la région empêcha la poursuite des travaux jusqu'à vingt ans plus tard. Entre 1964 et 1966, c'est James Pritchard, de l'Université de Pennsylvanie (EUA), qui y a excavé,
découvrant l'étang. Après un nouveau hiatus de dix-neuf ans, c'est Jonathan Tubb, du Musée Britanique, qui a repris le travail sur le terrain, où il n'a pas trouvé un trésor, mais quelque chose de plus précieux: que dans le strate XII, la zone
était contrôlée par les Pharaons de la XXe Dynastie. Celle-ci, fondée par Seth·nakht, comprend également les pharaons Ramsès III et suivants: Ramsès IV, V, et ainsi de suite jusqu'à Ramsès XI, avec lequel, comme on le sait, s'est éteinte ladite dynastie. En plus d'un mur, l'on a excavé un complexe palatial et une grande maison, tout autour de la notable infrastructure hidraulique citée ci-dessus. Dans le cimetière ont été excavées plus de quatre cents tombes, dont la plupart totalement
égyptiennes, avec de nombreux corps enveloppés dans des bandages en lin. Des sépultures ont également été trouvées qui pourraient indiquer la présence des Peuples de la Mer. Voir (23) pour plus de détails.
Le complexe a été détruit par le fer et par le feu à la fin du siècle XII avant J.C.
Commentaire
L'archéologie doit clarifier la signification der la présence égyptienne à Tell es-Saïdia dans ce moment historique, présence toujours significative pour établir des datations. Car il serait important de savoir si le pouvoir égyptien y était présent au moment de l'Exode, et la destruction du Tell es-Saïdia égyptien sa conséquance.
ANNEXE 3
Ramsès VII (~ 1133-1125)
Compte tenu de la possibilité que le Pharaon Ramsès VII soit le Pharaon de l'Exode, l'on recueille dans ces notes les quelques nouvelles que nous avons pu trouver ci et là à son égard.
Il fut le sixième Pharaon de la XXe Dynastie. L'on ne croit pas qu'il ait régné plus de 7 ans. Une autre datation de son règne serait 1138-1131. Son nom d'origine n'était pas Ramsès, mais il l'a adopté lors de son intronisation.
Quo nomine vis vocari? (Par quel nom veux-tu être appelé?) demande le cardinal camerlingue au pape élu par le Sacré Collège. Le Pharaon aussi, au moment d'être intronisé (et, parfois, dans des situations signifiées), adoptait un nouveau nom.
Comme ces titres utilisés voulaient exprimer son programme de gouvernement, il convient de voir en détail quels noms a voulu adopter le septième des Ramsès le jour de son intronisation:
Il a choisi comme nom de «Nesu Bity» (traditionnellement traduit par «roi de la Haute et la Basse-Égypte», l'on donne maintenant à l'expression un sens plus subtil, mais toujours doual: Nesu indiquerait le divin et immortel Pharaon, tandis que
Bity indiquerait le Pharaon humain et mortel), la première de ces deux cartouches (à gauche):
Tout versé en hiéroglyphes lira en elle sans effort User·Macat·Ra Setep·en·Ra («Puissante est la justice (Macat) de Ra», aimé de Ra), titulature identique - dans sa première moitié - à celle de Ramsès III, qui a choisi à son tour celle de Ramsès le Grand. Cette égalité de titulature suggére que son modèle politique serait Ramsès le Grand, en se référant d'ailleurs
à la justice plutôt qu'à la miséricorde de Ra. Tout comme Amon fut le dieu de Thèbes, et en général, du Sud de l'Égypte, le dieu du Nord était Ra. En outre, l'on désignait comme Eaux de Ra le bras pélusiaque du Nil, aux rives duquel Ramsès II
avait fait construire sa nouvelle capitale.
Il a choisi comme nom de «Sa-Ra» (deuxième cartouche, à droite) celui de Ramsès itef·Amon Neter·hika·Iounou, ce qui nous informe qu'il voulait être considéré comme «Ramsès descendant d'Amon, maître du dieu de Iounou.» La ville de Iounou, en grec
Héliopolis, dans la Bible est On. Située au Delta, elle a été le siège du principal sanctuaire de Ra.
Le pouvoir de Ramsès VII aurait été efficace dans le Delta, et peu plus que théorique dans le Sud, puisque nous savons que les terres d'Amon faisaient à ce dieu et à ses prêtres extrêmement riches et puissants, situation assymétrique avec le
pouvoir réduit du Pharaon à la Double Couronne, ce qui serait sans doute source de tensions de toutes sortes.
Il a choisi comme «nom de Nebty» (cartouche omis) celui de Me·Kemet Wefja·Sethi («Protecteur de l'Égypte, craint par les étrangers»), ce qui semble impliquer une forte ligne de réaction contre une menace extérieure, mais laquelle ?
(Statue de Ramsès VII - portrait présumé)
Si la mort prématurée du premier-né, qui a brisé une fois de plus la ligne de succession (ce qui était arrivé déjà à Ramsès II -douze fois-, Séthi II, Ramsès III et Ramsès V, entre
autres), aurait constituée une source supplémentaire de préoccupation pour le Pharaon, elle l'aurait étée avec beaucoup de raison, car la succésion parvint à son oncle, Ramsès VIII.
La tombe de Ramsès VII
Le monument le plus important de ce roi est sa tombe, connue comme KV1 dans la Vallée des Rois. Il s'agit d'un tombeau modeste, qui a été ouvert depuis des siècles (il contient des graffitis Grecs et Latins).
KV1 est le plus septentrionel des tombeaux de la Vallée des Rois, et il est éloigné de la majeure partie des tombes, dans une petite vallée connue simplement comme vallée de la tombe de Ramsès VII. Cet isolement serait responsable d'être peu
visitée par les touristes. La tombe la plus prochaine, KV2, se trouve en direction sud-est. Son dessin, avec un axe droit, orienté vers le Nord-ouest, est très simple: une rampe d'entrée, un couloir, et la chambre funéraire elle-même. Après
elle l'on devine le début d'une deuxième chambre, qui n'a pas été conclue, probablement à cause de la mort inattendue du roi. Le cercueil fut placé dans la chambre, élargie pour l'occasion. La deuxième chambre a été utilisée pour les vases
canopes du défunt.
Il est anormal que sa tombe à Thèbes soit restée inachevée la 7e année du règne, quand il était de coutume terminer le tombeau du Pharaon deux ans après son accession au trône. Ce fait, conjugué à la «grève» des travailleurs dont nous informe
le papyrus de Turin, confirme l'existence de graves difficultés économiques, qui ont même affecté à un groupe privilégié, comme les travailleurs des tombes royales de Thèbes. L'égyptologie rapporte que la pénurie de blé sous ce règne a triplé
le prix de ce céréal.
Excavation de KV1
Les premières fouilles ont été menées dans 1906 par Edward Ayrton, même si nous savons de précédentes visites qui ont auparavant catalogué et étudié la tombe. L'expédition Ayrton se chargea de la réouverture et du nettoyage du site.
Ce n'est que sous la direction d'Edwin Brock, du Musée de l'Ontario, que l'on procéda à une étude plus large, complétée par la préparation de la tombe pour les visites touristiques.
Résultats
Comme prévu (KV1 a été utilisée pendant de nombreuses années par des moines coptes et des ermites), l'ont n'a pas trouvé de nombreux objets dans la tombe: Seuls quelques ušebtis, et des restes d'amphores et d'ostraca, appartenant à
des périodes différentes. Le cercueil est simplement vidé dans la pierre du sol, et la dalle de couverture a été brisée par un côté pour parvenir à la momie et les richesses qu'elle cacherait. Ce couvercle massif est orné de figures d'Isis,
Nephtys, Serket, et les quatre fils d'Horus.
La momie du roi
L'on ignore les circonstances de sa mort, et sa momie n'a pas été trouvée à ce jour, même si l'on a découvert quatre vases de faïence avec son nom dans la cachette près de DB320, à Deir el-Bahari, ce qui pourrait suggérer que
le sien est l'un des corps non identifiés trouvés dans cette cachette.
Conclusion
Aucune de ces informations est contraire à ce que la Bible attribue au Pharaon de l'Exode et son environnement.
BIBLIOGRAPHIE
(1) Ur, par Sir Leonard Woolley, Collection The King Penguin Books; publie: Penguin Books. Ltd, Londres, 1946.
(2) Y la Biblia tenía razón, par Werner Keller, traduction espagnole par Ediciones Omega, 9e édition, Barcelone 1961.
(3) Archaeology of the Bible Lands, par Magnus Magnusson; publie: The Bodley Head Ltd., Londres 1977.
(4) The Exodus Enigma, par Ian Wilson; édite: Wiedenfeld & Nicholson, Londres, 1985.
(5) Qatna, el enigma de la ciudad perdida; revista Geo, nº 283, Août 2010, pp. 49-72.
(6) Avaris, capital of the Hyksos, par le Dr Manfred Bietak; publie: The British Museum Press, Londres, 1996.
(7) Ramsès II: la véritable histoire, par Christiane Desroches-Noblecourt; Éditions Pygmalion, Paris, 1996.
(8) Biblia de Jerusalén; 1e édition en Espagnol (nihil obstat de 1966), traduite en consultant le texte français fixé par l'École Biblique de Jérusalem; Éditoriale Desclée de Brouwer, Bruxelles.
(9) Biblia de Jerusalén; 2e édition en Espagnol (nihil obstat de 1975), Éditions du Cerf, Paris, 1973; cette édition omet le détail des trois guerriers sur le char.
(9 bis) Biblia de Jerusalén; 4e edition en Espagnol (approuvée dans la CCXII réunion de la Comisión Permanente de la Conférence Episcopale Espagnole du 18 Février de 2009); Éditoriale Desclée de Brouwer, S.A., Bilbao, 2009.
(10) Ägypten und Levante, par le Dr. Manfred Bietak; publie: International Journal for Egyptian Archaeology, Vienne, 1999.
(11) Kenneth Kitchen est l'auteur de nombreuses publications (voir Internet); l'on peut citer: Reliability of Old Testament; publie: Eerdmans William Publishing Co., Grand Rapids, Michigan, EUA.
(12) Arqueología de la Biblia, par James Hoffmeier; édite: San Pablo, Madrid, 2008.
(13) The Seventy Great Mysteries of Ancient Egypt, original de Bill Manley; édite: Thames & Hudson Ltd., Londres 2003.
(14) La crisis del siglo XII a.C. Pueblos del Mar y guerra de Troya ca. 1215-1175 a. C.; auteur: Alfredo Mederos Martín, Facultad de Filosofía y Letras, Universidad Autónoma de Madrid; 2007.
(15) Rediscovered Luwian Hieroglyphic inscriptions from Western Asia Minor, version provisionelle (en anglais) par Eberhard Zangger et Fred Woudhuizen; Proceedings of the Dutch Archaelogical Society, vol. 50, 2018.
(16) Historia y leyes de los hititas; pp. 288-289: T91-Hazañas de Suppiluliuma II. Inscripción jeroglífica de Südburg; Ediciones AKAL
(17) Moisés, el faraón rebelde; par Bernard Simonay; éditeur: Grijalbo; Barcelona, 2004.
(18) Tesoros sumergidos de Egipto, catalogue de la grande exposition (Madrid, 2008). Éditent: Franck Goddio et David Fabre.
(19) "Oscillatoria rubescens", D.C. as an indicator of Lago Maggiore Eutrophication, par O. Ravera et R. A. Vollenweider; contribution Nº. 395 à la Division Biologique de l'Euratom; manuscrit reçu en 1968.
(20) Mémoires sur Louis XI, par Philippe de Commynes; édition préparée par Jean Dufournet; Éditorial Gallimard, Collection Folio; 1979.
(21) Israelitas encontrados en Egipto, par le Dr. Manfred Bietak, traduction espagnole par Ana Quesada, et An Iron-Age Four-Room House in Ramesside Egypt, Eretz-Israël, 22 (1999), pp. 10-12.
(22) The Hieroglyphs of Ancient Egypt, par Aidan Dodson; publie: New Holland Publishers, Ltd.
(23) Archaeological Encyclopedia of the Holy Land, article SAIDIYEH (TEL ES-).
(24) L'execution du chancelier Bay, par Pierre Grandet; édite Institut Français d'Archéologie Orientale; FAO 100; 2000.
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NOTES
[1] Les experts ont des doutes de quelques années sur les dates de la XIXe Dynastie. Bien que l'introduction au Pentatéuque accepte les années 1290-1224 pour le début et la fin du règne de Ramsès II le Grand, j'ai préférée la datation dite "basse": 1279-1213. Les Pharaons de la XXe Dynastie se datent dans ce travail selon Aidan Dodson, dans (11).
[2] Lors de la découverte et l'excavation de la cité-état d'Ebla dans la région syrienne d'Alep, l'on y trouva une riche bibliothèque de tablettes d'argile. Plusieurs piéces, dont un vase d'albâtre portant le nom du pharaon Pepi I (VIe Dynastie), permettent de dater Ebla dans le s. XXVII a. J.C. L'on éligeait les rois pour des périodes de sept ans, mais l'un d'eux, nommé Ebrum, fut roi (selon Pettinato, mais pas selon d'autres chercheurs) pour vingt-sept ans, puis il se retira de la politique et mena une réforme religieuse. Serait-il la même figure qu'Abram qui, selon la Bible, changea son nom en Abraham? (~ 1850 a.J.C.)
[3] Selon Galanopoulos (1960), entre 1801 et 1958 ont été enregistrés dans la Méditerranée Orientale 482 tremblements de terre d'une intensité égale ou supérieure à 6, dont 170 d'intensité égale ou supérieure à 7. Vingt d'entre eux produirent des tsunamis, dont 6 catastrophiques. Selon Pararas-Carayannis (1973), les séismes et les tsunamis ont frappé la Grèce continentale et insulaire depuis les temps plus anciens, causant des dégâts catastrophiques dans le monde minoen et dans d'autres anciennes colonies. Beaucoup de ces phénomènes ont dû affecter la côte égyptienne.
[4] Dans le temple d'Abou Simbel l'on peut voir un bas-relief de Ramsès II protégé par le dieu Seth à gauche et le dieu Horus à droite. Ces deux dieux étant ennemis mythologiques, Ramsès prétend ansi projeter une image unificatrice et de consensus. Le dieu Seth se répresentait avec corps humain et la tête péculière de «l'animal Set», d'incertaine identification. Je m'incline à faveur du cochon de terre ou oryctérope du Cap (du Cap de Bonne Espérance). Le monde anglophone le désigne avec le vocable afrikaan «aardvark» (aard, terre; vark, cochon). De nom scientifique Orycteropus afer (du grec ορυκτηρ, excavateur; et πους, pieds; et du latin afer, africain), mammifère placentier exclusivement africain, seul réprésentant de l'ordre tubulidentata, de ~1,30 m de long, queue incluse, avec le museau quasi-identique à celui du porc, les oreilles resemblent celles de l'âne, avec 4 griffes fortes dans ses pattes avant, et 5 dans ses pattes arrière, et traînant une grosse queue semblable à celle du kangourou. Étrange animal, à vrai dire! De couleur brun dans sa partie supérieure et rougeâtre dans l'inférieure, il est d'habitudes nocturnes et il excave des labyrinthiques terriers à plusieurs entrées pour protection et réproduction. Quoique il se nourrit quasi exclusivement de termites et de fourmis, son mâchoir est doué de quelques molaires. Étant nocturne, solitaire et timide, il est rarement visible. Néammoins, son habitat s'étend par tout le continent africain au sud du parallèle 20º Nord (ce qui dans la Vallée du Nil veut dire la 3ème Cataracte), exceptés le Gabon, le Rio Muni et les pays voisins. Il n'existe pas en l'Égypte contemporain, mais il pourrait y avoir éxisté aux temps des Pharaons.
[5] Les experts disent qu'il n'y avait pas d'esclavage en Égypte dans le sens gréco-romain du terme: esclave pour la vie et héréditaire (en Grec δουλος), sur lequel le maître avait le droit à la vie et la mort, et qu'il pouvait acheter et vendre. Les mots égyptiens «hem» et «bak» désigneraient à des employés privés et des fonctionnaires, même du plus haut rang; le chaty ou wizir, le chef de tous, était défini comme «bak» du Pharaon.
[6] Avaris est en Égyptien Hat waret, où les deux «t» sont muettes, nous donnant Hawara (pas confondre avec Hawara au Fayoum), d'où proviendraient Fabara (Aragon, Espagne), Favara (Valence, Espagne) et Favara (Près d'Agrigento, Sicile, Italie).
[7] D'accord avec (14 bis), Oscillatoria rubescens se présente en beaucoup d'autres lacs et réservoirs eutrophiés de l'Europe, l'Amérique et le Japon. C'est paraît-il aussi le cas du merveilleux Étang de Hutt (Hutt Lagoon), en Australie Occidentale. La spectaculaire «Cataracte de Sang» en l'Antartide Orientale, et plus précisement dans le glacier Taylor (77º 43' S, 162º 16' E), se devrait à l'oxide de fer. L'inquiétante couleur rouge sang des eaux thermales (entre 40° et 50°C) de la Laguna Roja, au Chili, à 3.700 msnm, dans la municipalité de Camiña, région de Tarapacá, à quelques 200 km au nordest de Iquique, ainsi que les très belles tonalités rougeâtres ou oranges de la Laguna Colorada, en Bolivie, au Département du Potosí, près de la frontière avec le Chili et au sud du volcan Ollagüe, s'attribuent à la haute salinité et à la probable présence d'algues pas encore bien étudiées.
Le Lac Rose du Sénégal (Lac Rëtba en langue wolof) est un étang d'eau saline (jusqu'à 380 g/litre) qui se trouve à ~30 km au NE de Dakar, qui jusqu'en 2008 était la ligne d'arrivée du rallye Paris-Dakar et qui doit son nom à la couleur rose-orangée de ses eaux. Elle est causée par l'algue verte microscopique Dunaliella salina, qui produit de l'astaxanthine, un pigment rouge de la famille des carotènes. La haute salinité permet aux gens de flotter, comme dans la Mer Morte. Contrairement à cette dernière, cependant, le Lac Rose élève des poissons comestibles, en particulier une variété de tilapia du Nil adaptée à la haute salinité.
[8] C'est sans doute anachronisme flagrant d'utiliser le calendrier grégorien pour définir la période de l'an où les Dix Plaies eûrent son origine et son final. Il se passe, pourtant, que le calendrier julien, dont le nôtre, le grégorien, n'est qu'une retouche, c'est basiquement le calendrier égyptien agricole. Celui-ci divisait l'an en douze mois de 30 jours, groupés en trois quatrimestres: Le premier, Akhet («inondation»), commençait fin Juin où début Juillet; le second quatrimestre était Peret («sortie», des terres en dehors des eaux); et le dernier était Šemou («été», c'est à dire, la saison sèche), qui fermait l'an. Chaque mois avait trois semaines de dix jours. À ces 360 jours l'on ajoutait 5 jours épagomènes. Autant computer des annés de 365 jours quand, en réalité, l'année de notre Planète dure 365,2422 jours. L'on accumulait ainsi une erreur de 0,2422 jours chaque année. Mais d'autre part, le temple de Ra à Héliopolis était chargé d'observer annuellement le lever héliaque de l'étoile Sothis, aujourd'hui appelée Sirius, lever qui coïncida initiellement avec le début d'Akhet. Entre deux levers héliaques successifs de Sirius s'écoule un an sidéral de 365,25636 jours.
[9] C'est tout de même remarquable le manque d'une Plaie de souris, et cela dans un pays céréalier, sans doute parce que les efficaces chats égyptiens empêchèrent en tout moment la prolifération des petis rongeurs. Le chat était animal sacré en Égypte, sous la protection de la déesse Baset ou Bst. Encore aujourd'hui nous appelons souvent à notre chat avec le «bs, bs, bs» coutumier, en invoquant sans le savoir ladite déesse.